6 conseils pour se protéger de la violence des patients quand on est soignant 

Qu’il s’agisse de violence physique, verbale, psychologique ou émotionnelle, la violence des patients est une réalité pour de nombreux soignants qui exercent à l’hôpital ou à domicile. Pourtant, cette violence n’est pas toujours reconnue, dénoncée, ni prise en charge. Dans certains cas, la violence subie que l’on tait est banalisée, alors qu’elle peut avoir de graves conséquences sur la santé des soignants et détériorer leur qualité de vie au travail. Que faire face à ces situations ? Comment et où en parler ? Quelles sont les solutions ? Voici 6 conseils pour se protéger de la violence des patients quand on est soignant.

6 conseils pour mieux gérer des situations potentiellement violentes

1/ Identifiez et anticipez les tensions pouvant conduire à des situations de violence

Les raisons d’un comportement violent sont nombreuses : état psychologique du patient lié à l’évolution de sa maladie; demandes qui n’ont pas été entendues, sont restées sans réponse ou ont été rejetées; conflits familiaux; difficultés relationnelles ou divergences de point de vue avec le médecin; souffrances physiques… Il est essentiel de bien identifier les causes de tension afin d’en parler avec le patient et lui proposer des solutions. Bien entendu, partagez ces questionnements avec votre équipe pour trouver ensemble des solutions.

2/ Veillez à ne pas vous opposer

Même si vous pouvez signifier votre opposition lorsque certaines limites ont été dépassées, offrez à votre patient différentes possibilités. Si des reproches ou critiques vous sont faites, ne les prenez pas pour vous. Essayez de garder une distance intérieure. Encore une fois, allez chercher appui auprès de votre équipe et de vos collègues. 

3/ Désamorcez l’agressivité et l’angoisse lorsque la tension monte

Pratiquez l’écoute bienveillante et prenez le temps de la manifester dès le commencement, c’est le plus sûr moyen de ne pas laisser une tension s’installer. Si malgré tout, l’ambiance devient tendue, il est possible de proposer au patient différentes solutions : Veut-il rester seul ? Préfère-t-il être en contact avec un autre soignant avec qui il se sent plus à l’aise ? Souhaite-t-il rencontrer un psychologue ? De quoi a-t-il besoin exactement pour se sentir mieux ?

4/Travaillez en binôme

Bien entendu, cela suppose que la structure de soins dans laquelle vous travaillez ait des effectifs suffisants. Si ce n’est pas le cas, et si vous pressentez un danger potentiel lorsque vous êtes au contact d’un patient en particulier, il est important d’alerter votre cadre de santé et d’en parler en équipe le plus tôt possible. N’hésitez pas à solliciter ponctuellement un collègue soignant pour vous accompagner lorsque vous visitez le patient en question.

5/ Parlez-en et rapportez l’événement

Bien entendu, il est essentiel de parler au plus vite de ce qui s’est passé avec vos collègues. Vous aurez certainement des retours d’expériences qui vous aideront. Vous pouvez aussi consigner ce qui s’est passé dans un rapport où vous pourrez expliquer la situation et indiquer les éléments objectifs : gestes déplacés, propos rapportés etc. Mentionnez les faits en évitant toute interprétation ou jugement. Notez également les éléments circonstanciels qui pourraient servir dans un second temps si la situation venait à déraper. Dans quel service cela s’est-il passé, dans quelle chambre, à quelle heure, qui était témoin, etc.

6/ Faites-vous aider

Dans certaines situations et pour différentes raisons, il peut être difficile pour vous de partager en équipe une situation qui vous fait violence ou pourrait potentiellement vous faire violence. Dans ce cas, il est essentiel de ne pas rester seul face à cette situation. Tournez-vous vers un psychothérapeute, ou plus simplement contactez un service d’écoute spécialisé pour les soignants. Cette écoute confidentielle et anonyme est d’un grand secours pour de nombreux soignants.

Comment réagir quand un patient devient agressif et que la situation dérape ?

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Restez calme.

Votre attitude est essentielle. Essayez le plus possible de ne pas montrer votre peur, ni votre colère. Soyez ferme dans vos propos. Parlez d’un ton calme. Mettez une distance de sécurité entre vous et le patient. Prévenez que vous êtes prêt à appeler la police si la tension ne baisse pas.

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Protégez-vous.

La violence de votre patient monte malgré tout. Pensez d’abord à vous. Si vous sentez que cela dégénère, quittez la pièce sans hésitation. 

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Alertez.

Ne restez pas seul. Faites appel à vos collègues de travail et aux agents de sécurité s’il y en a. Appelez le 17 ou le 112 si la situation vous met en danger.

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Protégez l’entourage.

Dans la mesure du possible, veillez à isoler le patient violent des autres patients.

Que faire après avoir été victime de violences de la part d’un patient ?

Vous avec été victime d’une agression. Voici les principales actions à effectuer répertoriées dans une fiche réflexe mise au point par l’Observatoire National des Violences en milieu de Santé :

  • Prévenir vos collègues et signaler la situation à la direction et votre supérieur hiérarchique ;
  • Déposer une main courante ou une plainte ;
  • Faire établir un Certificat Médical (CM ou CML) chez le médecin ou aux urgences ;
  • Rédiger un rapport circonstancié et horodaté ;
  • Solliciter une prise en charge psychologique si vous le souhaitez ;
  • Déclarer un arrêt de travail en parallèle ;
  • Informer et communiquer le dépôt de plainte à la direction;
  • Demander l’assistance d’un avocat par l’intermédiaire de l’établissement (désigné ou à choisir) ;
  • Fournir les documents requis (certificat médical, rapport circonstancié, lettre de demande de prise en charge de protection juridique, témoignages, preuves des préjudices) ;
  • Rédiger ou demander à l’encadrement la rédaction de la fiche de signalement et la déclaration de violence auprès de l’ONVS. 

Dans tous les cas et quelle que soit la situation, prenez le temps de lire cette fiche réflexe qui vous donnera tous les éléments nécessaires pour réagir au mieux.

Si vous subissez des violences, ne restez pas seul. Contactez notre service d’écoute géré par des soignants qui sauront vous épauler.

Si vous le souhaitez, n’hésitez pas à nous partager vos témoignages sur notre page Facebook thadeo.fr. 

Votre empathie vous rend-elle vulnérable à la violence de certains patients ?

Au-delà des conseils pratiques, il peut être intéressant de vous interroger sur votre attitude et son impact sur votre interlocuteur. En tant que professionnels de la relation d’aide, les soignants ont souvent une empathie naturelle. Ils prennent soin inconditionnellement de tout patient quel que soit son sexe, son statut social, etc. Cependant, quand elle n’a pas de limites claires, cette attitude peut être à l’origine d’attitudes qui ne sont plus ajustées.

On verra par exemple un soignant tout excuser à son patient (même de la violence !) sous prétexte qu’il est malade ou qu’il n’est pas conscient de ce qu’il fait. Si vous êtes dans cette situation, posez-vous la question et parlez-en avec d’autres : Quelles sont vos limites par rapport à la violence ? Qu’est-ce qui est juste pour vous et pour le patient ?

La violence est une attitude anormale et inacceptable. Le soignant ne doit pas la relativiser et la laisser sous silence. Il est important de la reconnaitre pour identifier ce qu’elle provoque en soi, ce qu’elle fragilise, ce qu’elle entraine, ce qu’elle risque d’insinuer en soi ou autour de soi si elle n’est pas avouée.

Quels sont les différents types de violence subies par les soignants ?

Selon l’Observatoire national des violences en milieu de santé (ONVS), 19 328 cas de violences ont été recensés en 2021. Et le phénomène va croissant. Selon un rapport de 2022 de l’Observatoire de la sécurité des médecins, les violences envers les médecins auraient augmenté de 23% par rapport à 2021 !

La violence physique

Particulièrement choquante lorsqu’elle s’exerce contre ceux qui soignent, la violence physique concerne tous les soignants sans distinction : médecins, infirmiers, chirurgiens, aides-soignants. Tous peuvent être un jour ou l’autre victimes de violences physiques de la part de patients agressifs qui ne se contrôlent plus, de conjoints violents, de proches dominés par la colère, de personnes fragilisées psychiquement. Les violences physiques (bousculade, coups, agressions) peuvent avoir de graves conséquences allant des blessures physiques à des traumatismes émotionnels et psychologiques, voire au décès du soignant dans certains cas.

La violence psychologique

Les soignants peuvent également subir des violences psychologiques, telles que le harcèlement moral, les insultes, les menaces, les intimidations, les dépréciations ou vexations de la part de patients ou parfois de collègues ou supérieurs hiérarchiques. Même si elles ne touchent pas directement l’intégrité du corps, ces formes de violence peuvent avoir des conséquences tout aussi graves sur la santé mentale des soignants : stress, mal-être, sentiment d’anxiété, troubles dépressifs, idées suicidaires.

La violence sexuelle.

Le milieu des soins n’est malheureusement pas à l’abri non plus des violences sexuelles, telles que le harcèlement sexuel ou le viol. Les femmes soignantes sont particulièrement vulnérables à ces formes de violence. Quant aux conséquences pour les victimes, elles sont souvent graves, allant de traumatismes émotionnels à des problèmes de santé mentale.