Pourquoi est-il important d’apprendre à gérer ses émotions en tant que soignant ?
Le métier du soin va parfois générer des émotions parce que l’on touche à la vie humaine, à la fragilité, à la maladie et à la souffrance. Cela peut faire écho à ce que nous vivons nous-même dans notre vie personnelle ou d’équipe. Apprendre à gérer ses propres émotions permettra d’avoir une disponibilité plus empathique au patient.
Il est essentiel à la fois de ne pas banaliser nos émotions et en même temps de ne pas se laisser submerger par elles. Ressentir des émotions n’est pas toujours agréable. Parfois, elles sont si intenses qu’il est difficile de les canaliser.
On peut se laisser dominer par elles en laissant apparaitre des vulnérabilités qu’il n’est pas aisé d’assumer ou de laisser voir à ses collègues. Personne ne ressent les situations de la même manière. Apprendre à gérer ses émotions quand on est soignant est essentiel pour travailler avec plus de sérénité. Il ne s’agit pas de refouler ou de nier ce que l’on ressent mais d’acquérir une intelligence émotionnelle qui empêche un débordement. Une bonne gestion des émotions contribue ainsi à une meilleure qualité des soins (plus de rationalité, de concentration et d’empathie), une réduction des erreurs médicales, prévient le burn out ou l’épuisement et contribue à une meilleure qualité de vie au travail.
5 étapes pour mieux gérer ses émotions et reprendre le contrôle
Face à une émotion, que faire ?
1. L’accueillir tel que je la ressens, ne pas la refouler, la nier ou la banaliser.
Il est essentiel de reconnaître et d’accepter l’émotion telle qu’elle se présente, sans jugement. Refouler ou nier une émotion peut souvent intensifier son impact émotionnel, conduisant à une plus grande tension interne. Au lieu de cela, en acceptant et en validant ce que vous ressentez, vous pouvez créer un espace pour comprendre pourquoi cette émotion a surgi et comment vous pouvez y faire face de manière constructive.
2. La nommer pour pouvoir l’extérioriser, l’évacuer.
Nommer l’émotion, que ce soit en parlant à haute voix ou en l’écrivant, peut être une étape libératrice. En extériorisant l’émotion, vous la séparez de vous-même, ce qui peut aider à réduire son intensité. De plus, nommer l’émotion avec précision peut contribuer à une meilleure connaissance de soi et communication avec les autres, permettant ainsi de solliciter le soutien dont vous pourriez avoir besoin.
3. La comprendre : ce qu’elle exprime, le manque qu’elle manifeste.
Chaque émotion a une signification sous-jacente. Par exemple, la tristesse peut révéler un sentiment de perte ou de déception, tandis que la colère indique un manque de justice, de respect des valeurs et la peur indique un manque de sécurité. En explorant ce que l’émotion exprime, vous pouvez découvrir les besoins émotionnels qui ne sont peut-être pas satisfaits, offrant ainsi des pistes pour y répondre de manière constructive.
4. Mettre en place des actions concrètes.
C’est une étape clé pour gérer l’émotion. Par exemple solliciter un rendez-vous avec la cadre sur l’organisation du service qui parait injuste pour diminuer sa colère, demander l’avis d’un collègue sur un soin dont je ne suis pas sûr pour avoir moins peur, confier à un(e) ami(e) soignant(e) ce qui m’affecte dans la situation de ce patient pour être moins seul avec sa tristesse.
5. Réfléchir à une stratégie pour anticiper les émotions à venir.
Il sera peut-être nécessaire de réfléchir à la manière dont vous pourrez aborder vos émotions à l’avenir en vous connaissant mieux, en développant des stratégies de gestion du stress, des techniques de relaxation ou même vous engager dans des activités qui favorisent votre bien-être émotionnel, etc.
4 émotions que les soignants doivent maitriser
Chaque jour, le soignant fait face aux différentes émotions des patients. De chambre en chambre, c’est tout un univers nouveau qui s’ouvre et face auquel le soignant a à s’adapter en faisant attention de ne pas confondre les émotions du patient avec ses propres émotions.
On peut lister 4 émotions principales du soignant que sont la colère, la tristesse, la joie et la peur mais il existe aussi des sentiments rattachés à ces émotions tels que le dégout, l’attachement, le stress, l’impuissance, la jalousie, l’amour, la haine, etc.
La colère :
La peur :
Les conséquences de la peur :
La peur peut conduire à l’évitement de certaines situations médicales complexes ou stressantes, limitant ainsi l’efficacité des soins prodigués. Cette émotion peut créer une rupture dans la communication avec les patients et les membres de l’équipe pouvant entraîner des malentendus et des erreurs de coordination etc. La peur peut générer également une forme d’agressivité ou de sidération selon les tempéraments.
La tristesse :
Maud se questionne sur son avenir professionnel de kinésithérapeute. Elle est déçue par son encadrement et a des attentes professionnelles qui ne sont pas satisfaites. Elle est découragée et se demande si elle ne va pas arrêter de travailler.
La joie :
4 questions à se poser pour reprendre les rênes :
-
Comment je me sens ? Comment l’émotion que je ressens s’exprime en moi ? Sa ou ses manifestations corporelles, verbales.
- Pourquoi je me sens comme cela et à cause de quoi ? Comment cette émotion est-elle apparue ?
- De quoi ai-je besoin ?
- Que puis-je mettre en place ici et maintenant ?
L’importance de la gestion émotionnelle
La gestion émotionnelle revêt une importance capitale pour fournir des soins de qualité tout en préservant son bien-être personnel. Elle contribue au bien-être général du soignant. Le stress émotionnel constant peut conduire à l’épuisement professionnel et à la détresse psychologique.
La gestion émotionnelle permet de préserver une communication efficace avec les patients et leurs proches. Les émotions peuvent influencer la manière dont les soignants communiquent, et une mauvaise gestion peut entraîner des incompréhensions ou un manque d’empathie. En apprenant à intégrer leurs émotions pour mieux les gérer, les soignants pourront mieux établir des relations de confiance avec leurs patients et fournir un soutien émotionnelessentiel.
La gestion émotionnelle joue également un rôle essentiel dans la prise de décision clinique. Les émotions fortes peuvent nuire au jugement objectif et à la capacité d’évaluer correctement la situation médicale. En gardant un contrôle sur leurs émotions, les soignants peuvent prendre des décisions réfléchies et fondées sur des faits, garantissant ainsi des soins optimaux pour leurs patients.
Comment s’initier à cette gestion émotionnelle ?
Gérer ses émotions est un chemin de croissance. Parvenir à une intelligence émotionnelle est un travail dans le temps que l’on peut effectuer seul, en prenant le temps d’identifier son ressenti. On peut aussi avoir besoin d’être accompagné. Les groupes de paroles peuvent être des lieux aidants pour certains. Pour d’autres, avoir recours à une écoute confidentielle peut être un moyen efficace pour avancer. Les bienfaits de l’écoute (cf article les bienfaits de l’écoute) sont nombreux et notamment sur la question des émotions. N’hésitez pas à joindre notre service THADEO.