Ce que vous devez savoir sur le métier d’infirmière coordinatrice

blandine infirmière coordinatrice

« Infirmière Coordinatrice, c’est un métier d’équilibriste ! »

Professionnelle du soin depuis 1996, Blandine nous fait découvrir les dessous du métier d’infirmière coordinatrice. Des soins palliatifs au monde du handicap, Blandine évolue aujourd’hui en EHPAD et nous confie avec authenticité les différentes facettes de ce métier qu’elle exerce avec passion.

parenthèse basse

Pouvez-vous nous parler de vos missions en tant qu’infirmière coordinatrice (IDEC) ?

Je suis coordinatrice dans un EHPAD qui compte 48 résidents âgés et 42 salariés, dont des soignants, des paramédicaux, du personnel de maison et des personnels administratifs. Ma mission consiste à accueillir la personne âgée dès son entrée dans la maison, à veiller à son adaptation, à son bien être, à sa bonne prise en charge tant au niveau physique que psychologique, tout en accompagnant l’équipe soignante qui gravite autour des résidents, je suis aussi en lien avec les familles. C’est un métier d’équilibriste !

En tant que coordinatrice, je ne souhaite pas me déconnecter des soins. C’est pourquoi je tiens personnellement à accueillir et former les nouveaux soignants et étudiants qui arrivent dans notre établissement, je peux aussi venir soutenir mes collègues s’ils en ont besoin. Malgré ma charge organisationnelle, j’essaie d’être la plus présente possible et visible auprès des équipes, des résidents et des familles. Je travaille en lien avec la direction et le médecin coordonnateur de l’établissement.

Comment devient-on infirmière coordinatrice ?

Il y a un DU (Diplôme Universitaire) pour devenir infirmière coordinatrice en EHPAD et SSIAD (services de soins infirmiers à domicile), qui dure une année à temps partiel. À la fin, on présente un stage et un mémoire devant un jury. Même si ce diplôme n’est pas encore obligatoire pour exercer en tant qu’IDEC, il le deviendra assez rapidement. Personnellement, j’ai passé mon DU à la faculté Paris Cité et mon mémoire portait sur l’attractivité du travail infirmier en EHPAD.

Quel est le salaire d’une infirmière coordinatrice ?

Une Infirmière Coordinatrice gagne entre 2500 et 3000 euros à temps plein, le salaire fluctuant selon le secteur privé ou public. Le diplôme offre un statut de cadre, influençant la rémunération.

En tant que cadre de santé, quelle est votre priorité ?

Le bien-être des personnes âgées et des équipes car ce sont des vases communicants. Si les soignants sont bien dans leur travail alors les résidents le sont également. Notre priorité à tous ici, c’est la personne âgée.

Infirmière coordinatrice en échange avec l'équipe soignante d'un EHPAD

Quel est votre façon de manager votre équipe ?

Le management pluridisciplinaire n’est pas une chose facile pour moi. Je fais en sorte d’écouter les membres des équipes, quelque soit leur métier, nous avançons ensemble main dans la main pour le bien du résident. Ma porte est toujours ouverte pour eux, et je me rends le plus possible disponible. Je développe la cohésion au sein des équipes afin de favoriser l’entraide notamment.

Quelle est votre plus grande difficulté ?

Gérer les conflits au sein de l’équipe soignante. Je n’ai pas un tempérament autoritaire. Face au conflit, je rassemble les personnes concernées et on discute. On se donne des objectifs pour sortir de l’impasse et on essaye de trouver ensemble des solutions.

Il est parfois ardu pour moi de voir des soignants ancrés dans leur routine, résister au changement, surtout ceux qui ont de longues années de service. Je crois fermement à l’importance de renouveler certaines méthodes pour insuffler une nouvelle dynamique dans notre équipe pluridisciplinaire et éviter la monotonie qui à mon avis mène à la maltraitance et au burn out. Il est essentiel d’avoir une posture qui allie proximité et distance pour manager efficacement. Trouver cet équilibre en tant que cadre est un défi pour moi.

Quel est le cœur de ce que vous souhaitez transmettre à vos équipes ?

Il est crucial de prendre soin de soi pour bien s’occuper des personnes âgées dépendantes. Se noyer dans le travail n’est pas une solution. Les groupes de paroles aident à exprimer les émotions, notamment face à des événements durs comme des décès successifs ou la violence de certains résidents. Ils offrent soutien et allègement aux soignants. Ces moments d’échanges se tiennent bimensuellement sur la base du volontariat.

Quelles sont vos priorités pour votre service ?

Que chacun soit à son poste le matin, qu’il s’agisse des aides-soignants, des infirmiers, … quel que soit le métier… chacun est important et nécessaire, et toute absence ou changement perturbe le résident et le fonctionnement de la maison. C’est tellement stressant de gérer des absences imprévues ! Je trouve essentiel de fidéliser les vacataires car il est important pour les résidents qu’il y ait une véritable continuité des soins, et cela les rassure.

Résidents et soignants en interaction

Comment vivez-vous ce poste à responsabilité ?

J’ai mis 6 mois à être vraiment à l’aise dans ce poste car j’ai été investie d’une responsabilité assez lourde avec 48 résidents et 42 salariés, y compris des aides-soignants, 3 infirmières, 10 ASH, des cuisiniers et d’autres professionnels de santé. Je me suis sentie assez désorganisée pendant plusieurs mois. Puis, petit à petit j’ai pris mes marques et aujourd’hui encore je continue à apprendre chaque jour. Ce poste englobe de multiples réalités (administratives aussi) et demande beaucoup de rigueur. Il faut du temps pour trouver l’équilibre (quand on est soignant).

Pourquoi avez-vous choisi de devenir Infirmière Coordinatrice ?

Une opportunité s’est présentée à moi, et c’est tombée au bon moment dans ma vie. J’ai eu le souhait d’aller plus loin et aussi l’envie de prendre plus de responsabilité dans mon métier de soin, en me lançant ce challenge !

Quel est l’avenir des métiers du soin selon vous ?

Même si je suis souvent optimiste, ce sujet me préoccupe. Mon mémoire a montré que pour beaucoup de jeunes infirmières, le salaire en EHPAD ne suffit pas. Les soignants souffrent d’un grand manque de reconnaissance venant de toute part : direction, collègues, gouvernement… Sans compter le manque d’effectifs et la surcharge de travail, qui touchent aussi bien les infirmiers à domicile que ceux qui travaillent en institution. Le métier du soin manque d’attractivité. À mon avis, nous devons absolument innover pour mieux recruter dans ce secteur.

Quel accueil réservez-vous aux étudiants ?

Les étudiants infirmiers et étudiants aides-soignants sont l’avenir de nos EHPAD, donc je soigne particulièrement leur accueil. Je suis très présente, disponible et fais le point avec eux toutes les semaines. À la fin du stage, ils ont un questionnaire à remplir pour bien évaluer leur satisfaction, et je leur demande s’ils seraient prêts à venir travailler avec nous dans notre centre de soins.

Qu’aimeriez-vous dire aux soignants en détresse ?

Ne restez pas tout seul. Parlez-en à quelqu’un, que ce soit au sein de l’équipe médicale ou à des services sociaux dédiés. Les bienfaits de l’écoute sont considérables. Faites-vous aider. Dans notre métier de soin, il faut être bien dans sa peau et sa tête pour prendre soin des autres.